Plusieurs médias se sont demandés ce que veulent dire les visites successives des chefs d’Etats africains au président Joseph Kabila à Kinshasa. Le contexte politique ne cache rien des curiosités et suspicions qui s’en suivent parmi les Congolais. Deux proches de Kabila viennent de partir : Zuma en Afrique du Sud, Mugabe au Zimbabwe. En RDC, il y a ces marches de catholiques suivies de morts par balles, et la clameur internationale.
Le média français, RFI, titre sur le « ballet diplomatique des chefs d’Etat à Kinshasa » qui se dessine dans un contexte de crise en RDC. Quatre chefs d’Etat se sont succédé chez Kabila en 15 jours, le président que des Congolais appellent à quitter le pouvoir après ses deux quinquennats successifs. L’Angolais João Lourenço et son homologue congolais Denis Sassou Nguesso sont arrivés les premiers, puis ont suivi le Gabonais Ali Bongo et le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa.
« La RDC est la mère de toutes les crises », avait expliqué à la presse le chef de la diplomatie angolaise lors du dernier sommet de l’Union africaine (UA), écrit RFI. « Il n’y a que ces chefs d’Etat africains qui arriveront à convaincre Joseph Kabila de quitter le pouvoir », justifie une source diplomatique citée par le même média qui voie en cette tactique un revirement dans la politique internationale sur le Congo. D’autant plus que le Zimbabwéen dans son discours, a insisté « sur l’importance du respect de la démocratie et de l’Etat de droit ».
Sans aucun doute, le sénateur Jacques Djoli, membre du parti d’opposition MLC, estime que ces visites de chefs d’Etat sont la preuve que « notre pays est dans un état qui inquiète ses voisins et le monde entier », écrit Radio Okapi.
Gaborone appelle au départ du président Kabila
Le Phare de Kinshasa revient sur la « réplique modérée de la RDC au Botswana », siège la SADC dont la RDC est membre, qui a récemment appelé aux pressions internationales pour obtenir le départ du président Joseph Kabila du pouvoir. Une première en terre africaine, note le média. Ce qui surprend Le Phare, c’est qu’« en lieu et place d’une sévère réplique, comme c’est le cas dans les crises belgo-congolaises, le ministre congolais des Affaires Etrangères, Léonard She Okitundu, a pris un ton curieusement conciliant. L’unique fait qu’il a déploré était le recours, par sonhomologue botswanais, aux réseaux sociaux, au lieu de la voie diplomatique. »
Et pour résumer le contraste, La Tempête des Tropique média de Kinshasa titre : « Gaborone trouble Joseph Kabila, Harare le console ».
« Elections 2018 : E. Mnangagwa encourage Kinshasa ! », s’exclame le journal La Prospérité de Kinshasa. Le Chef de l’Etat Zimbabwéen a salué « les efforts du Gouvernement congolais et de la CENI pour son bon aboutissement et dans un climat apaisé », rapporte le média. Commentant l’enjeu de ces élections, La Prospérité note que depuis la fin du dernier mandat du président Kabila, « la RDC passe des sales temps politiques » avec un regain de tension. « La situation de la RDC est redoutée au cas où fin 2018, comme en 2017, il n’y a pas d’élections. »
« Sommes-nous en guerre ? »
Ces tensions en cours, et violentes en plus, font grincer des dents au point que Politico interroge : « Sommes-nous en guerre ? » en affichant en tête de l’article, le dessin du jeune militant Rossy Mukendi soulevé par ses amis, avec en fond le drapeau de la RDC. Rossy est atteint au côté par une balle tirée par un policier. La colère est perceptible dans ce texte signé « la rédaction » :
« Des innocents sont morts dans ce pays. Pas plus tard que hier, pas plus tard qu’aujourd’hui, en ce moment même… les routes du paradis sont trop remplies d’anges congolais. Ces étudiants, ces jeunes, ces mamans, ces pères… certains réclamaient juste la liberté. La justice. L’égalité. Ils réclamaient les élections. »
A relire:
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