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Non, le Congo n’est pas « notre beau et cher pays » !

La République démocratique du Congo, « notre beau et cher pays », dit-on. Un mensonge et je me propose de l’expliquer ici. Sur les deux adjectifs, en effet, aucun ne dit vrai, surtout durant les 21 dernières années. Mon pays est devenu horrible.

J’ai croisé un citoyen européen qui a lu la géographie du Congo, son histoire aussi, et a vécu au Congo. Il aurait aimé dire que cette terre est le paradis. Mais comment, lorsque ses citoyens la fuient, se faisant un rêve sud-africain ou européen, jusqu’à mourir en mer, ou à se retrouver sur le point d’être vendus en esclavage en Libye ?

Menteurs, mensonges !

Dans la plupart des cas, ceux qui appellent la RDC « notre » pays, sont ceux qui dans les actes la traitent comme leur propre jardin ou leur boutique. Les mêmes personnes, ministres, gouverneurs ou chefs des sociétés et de services publics, reconnaissent que les richesses naturelles ne sont pas redistribuées au Congo, par exemple. Une clique se les accapare. Dire « notre » pays, est un gros mensonge. Sauf si l’adjectif « notre » renvoie à la clique et non à nous tous !

Ce Congo est aussi appelé beau. « Notre beau pays ». Je ne sais pas ce qu’ils veulent dire. Ces 21 dernières années, il est parmi les plus horribles du monde. La preuve est que penseurs, médecins, ingénieurs, jeunes et même prêtres et pasteurs fuient le Congo. C’est sans compter les réfugiés, victimes des violences.

Horreur infinie en RDC

Mais quelle horreur ce pays ! Il est le seul de la planète à compter plus de 5 millions de morts ces 21 dernières années. La RDC est la seule nation avec plus de groupes armés, plus de militaires et moins de policiers en Afrique subsaharienne. Les femmes y sont violées jusqu’à la mort. On se sert du viol comme on se sert des kalachnikovs.

Dans ce pays, on vit avec moins d’un dollar américain par jour ; le taux d’analphabétisme atteint parfois, dans certaines régions, les 64%. Il est interdit de protester pour réclamer mieux, incroyable ! Bien plus, des policiers tirent sur des civils, et même à l’intérieur des églises. Ça c’est une horreur. Arrêtons-là cette liste. Soyons sérieux pour reconnaître que ce pays n’est pas beau comme on le dit, et qu’il faut le rendre beau. Pas avec des flatteries.

« Notre cher pays » ?

Avançons. Ces gens-là disent aussi que ce Congo leur est cher. « Notre beau et cher pays ». Pourtant, ils sont les seuls à loger leurs trésors dans les banques à l’étranger, dans les paradis fiscaux. Nous autres, le peu d’argent que nous gagnons, si ce n’est pas repris par les taxes avec lesquelles ils paient les armes qui nous tuent, nous le cachons sous notre matelas. Quand brûlent nos cases, sous les feux de leurs armes, nous restons plus pauvres et les supplions de nous nourrir des miettes de leurs tables.

Conséquence : nous ne comprenons pas ce que c’est une nation. A la place, c’est la tribu dans laquelle nous naissons et qu’ils instrumentalisent quand, comme à travers les succès dans le football, nous pensons nation. Le Congo, c’est leur affaire.

La citoyenneté congolaise, c’est possible

La bonne nouvelle c’est que dans ce rêve de grandeur, de beauté et d’amour, je vois renaître une possibilité de citoyenneté. Etre citoyen, en effet, c’est avoir des droits dont jouir, et des devoirs à remplir. Il y a ces citoyens honnêtes, que nos télévisions ne montrent malheureusement jamais. Ces bâtisseurs d’écoles qui dispensent discipline, honnêteté et savoirs ; ces enseignants non corrompus, des jeunes qui travaillent ou promeuvent les valeurs républicaines, … Ces gens que les chancelleries des ordres nationaux devenues organes de publicité des stars de télé ne décorent jamais…

Je vois aussi ces mouvements citoyens que l’on criminalise. Je les vois tous, comme une chance de renaissance d’un Congo qui ira droit vers sa grandeur, sa beauté. Un pays que nous aimons toujours, même baignant dans la pauvreté entretenue.

 


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