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Le cobalt congolais, une carte clé pour la transition énergétique mondiale

Dans une récente publication de l’Institut français des relations internationales (Ifri), le cobalt et d’autres ressources naturelles apparaissent comme des ressources naturelles au cœur de l’avenir de la transition énergétique. L’auteur, le géographe Gilles Lepesant, soutient que cet avenir se joue entre trois pôles : l’Europe qui pense l’avenir de la terre, la Chine qui accapare les technologies de cette transition et pense la réduction de sa pollution, et enfin, viennent d’autres pays capables de produire ces matières rares, mais en moindre quantité que la RDC.

La RDC, ce pays déchiré par deux décennies de violences armées dont de pillages des minerais, va-t-il plonger dans l’incertitude ou plutôt tirer profit de ses moyens ? Voici ce qu’en pense le professeur en Relations internationales de l’Université de Lubumbashi, Emmanuel Kayembe.

Habari RDC : De quelle manière la RDC peut-elle profiter de la hausse des cours du cuivre et du cobalt au niveau international ?

Emmanuel Kayembe : Il faut dire que c’est une aubaine pour la RDC qui produit suffisamment de cobalt et de cuivre. Aussi, suite au réchauffement climatique, l’économie mondiale se veut verte à tel point que toutes les voitures, surtout au niveau de l’Europe, ont l’ambition d’être électriques dans les années à venir. Et donc, avec la production propre et les voitures électriques, il y aura une forte demande de cuivre et de cobalt. La RDC doit profiter de cette occasion en réhabilitant son outil de production – la Gécamines –, afin de vendre a des prix intéressants les ressources naturelles au niveau international.

Pour des enjeux environnementaux, le cobalt est aujourd’hui très recherché au niveau international. Est-ce que cela peut mettre la RDC au cœur de beaucoup d’attentions, ou au contraire le mettre en conflit avec d’autres nations ?

Les conflits liés aux ressources naturelles opposant ainsi la RDC à d’autres nations ne datent pas d’aujourd’hui. La première grande guerre mondiale africaine en est un exemple. La RDC a donné au monde des pays receleurs. C’est le cas du Rwanda qui produit de l’or et du coltan tirés frauduleusement de la RDC. La géo-économie est donc une nouvelle donne dans les relations internationales. L’accaparement des ressources naturelles par des sociétés multinationales et les Etats peut amener la RDC à une guerre. Elle doit donc être en alerte pour que ses ressources profitent à son économie et à sa population.

Est-ce que l’environnement est un enjeu politique majeur au niveau international ?

Aujourd’hui, oui. D’abord, les manières de produire les ressources naturelles ont changé. Si hier on produisait sans tenir compte des données environnementales, aujourd’hui il faut en tenir compte. La vie terrestre devient périlleuse suite au changement climatique. Il faut donc produire les ressources de manière durable pour préserver l’environnement. Or, les pays du Sud ne sont pas bien outillés pour exploiter à bon escient leurs ressources conformément aux dispositions environnementales.

Avec son cobalt et sa forêt équatoriale, la deuxième au monde, que peut faire la RDC pour asseoir son leadership environnemental sur le plan international?

Pour la RDC, la solution passe par la bonne gouvernance, et donc la bonne gestion de ses ressources naturelles. C’est à ce prix-là que la RDC peut contribuer substantiellement aux problèmes de réchauffement climatique.

Le cobalt, une affaire de souveraineté (exclusive) ou d’échange négociable au niveau international ?

Disons que la RDC est souveraine dans la production, et non dans la vente. Car les Nations-Unies confèrent à chaque Etat une souveraineté quant à ses ressources naturelles. Mais le prix auquel la RDC vend ses ressources lui est proposé par le marché.

Propos recueillis par Didier Makal

 


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Les commentaires récents (1)

  1. Vivement que.Nous.bénéficions de nos richesses comme les saoudiens de leur pétrole ou les.dubaîotes de leur gaz naturel…