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17 ans de présidence, ce n’est pas trop pour Joseph Kabila

Le 26 janvier 2018, Joseph Kabila a totalisé 17 ans au pouvoir. Bientôt 20 ans, mais ce n’est pas assez pour le jeune président qui semble en vouloir plus encore. Tant pis si l’opposition s’obstine à y voir un attachement inconstitutionnel au pouvoir. La majorité présidentielle profite encore de sa majorité au Parlement.

Joseph Kabila qui succède à Laurent-Désiré Kabila en 2001 est allé de vision en vision, mettant au défi une opposition congolaise inefficace. Mais d’aucuns se demandent à quel moment a-t-il aussi convaincu par sa politique.

Thierry Mukelekele, militant politique en faveur de Joseph Kabila, croit que le chef de l’Etat congolais est à féliciter à plusieurs points de vue. « Grace à l’accord inter-Congolais de 2002 à Sun City en Afrique du Sud, il a réussi à rapprocher des frères ennemis, donnant lieu au système de gouvernement 1+4 qui a fait cheminer le pays vers les élections de 2006, précédées de la mise en place d’une nouvelle Constitution », rappelle le militant. « C’est une dérision » rétorque le juriste Thomas Lupata, membre de l’UDPS, à Lubumbashi. Pour lui, « les 17 ans de Kabila au pouvoir sont aussi 17 ans en enfer durant lesquels le peuple n’a vécu que des catastrophes ».

Joseph Kabila vu par des gens ordinaires

Durant ses 17 ans, Joseph Kabila est passé de « Cinq chantiers », son premier projet de société, à la « Révolution de la modernité ». Et Thierry Mukelekele de souligner : « Le peuple en retient les impacts qui sont encore visibles. Il a retourné le pays dans le concert des nations et nos minerais retrouvent de la valeur sur le marché mondial. »

Citoyen lambda, Martin Kashila qui se veut analyste de la vie publique congolaise préfère nuancer son constat sur les années Kabila. Jusqu’en 2006, il a vu un Joseph Kabila « faisant preuve de bonne volonté pour développer ce pays. Et bien que ses Cinq chantiers aient été ratés pour ne pas avoir été bien pensés à la base, Kabila a fait une bonne politique. La Révolution de la modernité, elle, a été une vision de bas niveau. Car là, il n’y avait pas encore grand-chose à moderniser, hélas », conclut-il.

Beaucoup reprochent à Joseph Kabila la situation sécuritaire précaire dans le pays. Mais dire que la RDC est toujours en guerre, c’est refuser de reconnaître les efforts du chef de l’Etat pour la pacification de « ce pays qu’il a trouvé délabré ». Car grâce à lui, commente Mukelekele, « plusieurs rebelles sont revenus à la vie civile », et défendent désormais la République.

Le bien-être des Congolais s’est déstructuré sous Kabila

Le juriste Thomas Lupata reste, pour sa part, convaincu que durant ses 17 ans au pouvoir, Kabila n’a fait que « gâcher le bien-être du Congolais ». Célébrer aujourd’hui l’accession de ce président à la magistrature suprême est, dès lors pour cet opposant politique, un triste anniversaire.

Lupata dresse un réquisitoire sévère. En 2018, le « dix-septième anniversaire du pouvoir de Kabila est caractérisé par une guerre contre les chrétiens, constate-t-il. C’est simplement nous tirer vers le bas. Sur le plan politique, c’est l’enfer. Et économiquement, nous avons plus de miniers qu’au temps de son père [Kabila], mais le peuple vit moins bien, car il n’y a eu aucune politique de création d’emplois. Quant à la sécurité, on ne la voit nulle part […] Même des choses qu’on n’a pas connues avec Mobutu dans les années 90, nous les vivons avec Kabila ».

En le voyant arriver au pouvoir, personne ne pariait que Joseph Kabila passerait 17 ans au pouvoir. Inexpérimenté et jeune, on l’a parfois cru sur le point de vite fuir sous le poids des responsabilités. 17 ans après, c’est un Kabila sans doute plus enclin à passer plus de temps encore à la tête de la RDC.

 


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